Château de Joyeuse Garde : description des ouvrages
◄ Introduction
◄ Données historiques
◄ Le site et l’état des vestiges
Description des ouvrages
Le système de défense : portail d’entrée, tours et courtines :
Le proratil d’entrée constitue le principal ouvrage du château encore debout. C’est une porte ogivale haute de 3,20 mètres et large de 2,50 mètres dont la voute subsiste sur près de trois mètres de longueur. L’arc, formé de lamelles de schiste, s’interrompt à 1,40 mètre au-dessus du sol au niveau d’une corniche qui surmonte des murs de granit en moyen appareil régulier. Les défenses de cette solide construction consistaient en une lourde porte à vantaux dont subsistent les encoches carrées des poutrelles transversales qui la renforçaient, un assommoir doublé d’une herse de bois dont on voit les rainures de glissement verticales dans la maçonnerie et probablement une autre porte à vantaux. Deux meurtrières, d’environ 0,70 mètre de hauteur, couvraient en outre l’approche immédiate de l’entrée; elles étaient desservies depuis deux des quatre chambres qui jouxtaient ce couloir.
Le châtelet, établi en saillie sur la courtine ouest, formait donc un massif corps de garde qui mesurait une quinzaine de mètres de largeur et autant de longueur. Il comportait au moins deux étages puisque la chambre de manœuvre de la herse surmontait la voûte d’entrée. On ignore si un pont de bois escamotable précédait celle-ci toutefois il semble indéniable, d’après le témoignage de Miorcec de Kerdanet et l’examen du plan cadastral de 1827, qu’elle était encadrée de deux tours circulaires de moyen diamètre conformément aux dispositions en usage au XIIIe siècle. Ces deux ouvrages ont totalement disparu mais leur présence confirme le soin apporté à la réalisation du châtelet d’entrée aussi bien parce qu’il était un point vulnérable de l’enceinte que parce qu’il symbolisait la puissance du seigneur châtelain.
Quatre tours circulaires d’environ huit mètres de diamètre demeurent observables aux angles nord-ouest, nord-est et sud-est ainsi qu’au milieu de la courtine nord. Une autre, non visible, armait le côté sud-ouest de la place et protégeait le rempart sud, long de quatre-vingt dix mètres, au centre duquel existait probablement un autre ouvrage de flanquement. Les quatre tours subsistantes ont sensiblement les mêmes proportions : un mur d’une épaisseur comprise entre 2 mètres et 2,50 mètres, délimite une salle ronde de 4 mètres de diamètre à laquelle on accède par une porte de plain-pied, large de plus d’un mètre. Chacune de ces pièces comporte trois archères à embrasure simple qui permettaient aux défenseurs de battre les fossés parallèlement et perpendiculairement aux courtines adjacentes. Le rez-de-chaussée des tours, haut d’environ quatre mètres était surmonté d’au moins un étage planchéié desservi par un escalier droit à volée unique logé dans le mur de refend.
Les tours commandaient certainement le chemin de ronde qui couronnait les courtines dont on ignore tout de l’élévation originale (vraisemblablement une dizaine de mètres) et des défenses sommitales (parapets crénelés, hourds, mâchicoulis…). Les murailles étaient d’inégales largeur : elles mesuraient entre 2,50 mètres et 4 mètres (parties occidentales et orientales de la courtine nord). La moitié est du rempart nord paraît avoir été doublée : on y distingue deux parements extérieurs dont l’un résulterait soit d’un renforcement de la muraille, soit de l’intégration d’une structure préexistante lors de l’édification de cette courtine ou encore d’une reconstruction du bâtiment qui lui était accolé.
La place qui ne bénéficiait d’aucun protection naturelle était en outre isolée par un important fossé. Celui de l’est, seul conservé, a encore une profondeur de quatre à six mètres et une largeur de dix à douze mètres. Le comblement des douves nord et ouest ne permet plus de se rendre compte de l’obstacle qu’elles représentaient en avant des courtines dont un tiers de la hauteur initiale doit être cachée par des déblais.
À suivre…